On pourrait se demander ce qu’un interprète peut encore ajouter de significatif lorsqu’il se confronte à un monument tant de fois parcouru par d’autres figures, à plus forte raison si, comme dans ce cas précis, la pièce a déjà fait l’objet d’un premier enregistrement. Jean-Guihen Queyras apporte ici des réponses lumineuses, lui qui a déjà planté dans le décor, en 2007 (Harmonia Mundi), une version de référence des «Six suites pour violoncelle solo» de Bach. Ce qu’on trouve dans cette deuxième incursion, c’est une certaine paix, une humanité qui met l’auditeur dans une profonde intimité avec le musicien et avec l’œuvre. Mesuré dans son expression, sans jamais excéder dans les vibratos ni dans les piqués d’archets, sans pour autant assécher son propos, Queyras incarne la partition avec un naturel et une justesse confondants. Ce voyage intimiste, enlevé dans les danses, est un bonheur qui ne s’essouffle jamais. 

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