À propos de la 9e Symphonie de Beethoven, le grand chef Günter Wand disait : « RCA veut que je la réenregistre, mais que pourrais-je faire mieux ? » Il avait bien raison. Aussi a-t-on toujours quelque appréhension lorsqu’un interprète dit « de référence » revient sur le terrain de ses exploits passés. Dans le cas des suites de Bach et de Jean-Guihen Queyras, tout justifie ce nouvel enregistrement, et ce, même si l’ancien, de 2007, était un mètre étalon discographique. Car le ton et l’atmosphère ont changé. Queyras 2007, c’est une sorte de violoncelle idéalisé dans un cocon sonore flatteur. Queyras 2023, c’est l’apothéose de la danse avec le son le plus naturel, le plus incarné et le plus tangible possible. Le grand écueil de la démarche serait de vouloir démontrer la justesse de tous ces traits et élans, et d’assécher l’expression musicale. Le miracle de l’enregistrement est que Queyras ne tombe pas dans ce panneau : il n’y a rien de sec ou de didactique, juste la vie qui pétille avec tendresse et humanité.

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