Bach, les Suites en partage, Jean-Guihen Queyras, Conversations avec Emmanuel Reibel.
Jean-Guihen Queyras :
« Les Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach sont un jaillissement de vie, un hymne à la vie, d’un homme de foi, et un hommage à la créativité humaine.
Dans cette œuvre monumentale pour violoncelle seul, Jean-Sébastien Bach nous fait faire une traversée initiatique. »
Les Suites pour violoncelle sont aussi une rencontre entre la chair et l’esprit :
Tous les grands chefs-d’œuvre de la musique, et c’est sans doute aussi le cas pour les autres formes d’art, nous donnent la chance de faire ce lien entre la terre et le ciel, de nous élever et également de nous incarner.
Beaucoup de mes collègues musiciens seront sans doute d’accord là-dessus : un concert réussi, c’est un concert où on a l’impression d’être aussi dans la matière sonore : bien sûr, la musique est liée à l’univers des idées. Elle repose sur des concepts, une architecture, une construction mais tout cela doit s’incarner. Cela se réalise par le biais de la vibration sonore, des fréquences sonores qui, on l’espère, vont aller rejoindre ceux qui écoutent et leur faire partager ce qu’on essaie d’exprimer. Dans les Suites pour violoncelle en particulier, il y a des moments où l’on sent le plaisir presque vernaculaire de la danse. Elles sont de toutes façons des Suites de danse au départ… Il y a aussi des moments où Bach nous fait sortir de la structure rythmique d’une danse. L’exemple le plus frappant est la Sarabande de la cinquième Suite où l’on va dans la désincarnation, dans l’éther, où la structure sous-jacente est devenue tellement impalpable qu’on peut complètement s’élever et être hors du temps. Nous avons besoin de ces deux pôles, de l’incarnation et également de l’éther, de l’esprit.
Quinze ans après son enregistrement des Suites de Jean-Sébastien Bach, Jean-Guihen Queyras livre pour la première fois par écrit ses réflexions sur l’Everest des violoncellistes. Au fil du temps, les Suites sont devenues le répertoire qu’il a le plus défendu au concert, tantôt à la faveur d’intégrales, parfois augmentées de pièces contemporaines, tantôt dans un spectacle conçu par la fameuse chorégraphe Anne Teresa de Keersmaeker. Bach est aussi devenu la pierre angulaire de son enseignement. Comment donner en partage ces œuvres exigeantes pour violoncelle seul, avec une flamme sans cesse renouvelée ? Au travers de conversations avec Emmanuel Reibel, ce musicien passionné dévoile une série de souvenirs personnels, tout en livrant de pénétrantes analyses et de précieux conseils d’interprétation.
Les auteurs
Jean-Guihen Queyras, né en 1967, est un violoncelliste franco-canadien à la carrière internationale. Son enregistrement des Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach pour Harmonia Mundi en 2007 l’a consacré comme l’un des plus grands interprètes de cette œuvre. Sa curiosité le porte de la musique baroque aux créations contemporaines. Passionné par la transmission, il enseigne à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau.
Emmanuel Reibel est professeur de musicologie à l’ENS de Lyon ; il enseigne l’esthétique au Conservatoire de Paris.
Bach: les Suites en partage (asopera.fr)
Programmation musicale :
Jean-Sébastien BACH – Le Prélude de la Suite pour violoncelle n°3 en do majeur BWV 1009. Jean-Guihen Queyras . HM 901970 .
Jean-Sébastien BACH – La Sarabande de la Suite pour violoncelle n°5 en do mineur BWV 1011 . Jean-Guihen Queyras . HM 901970 .
Jean-Sébastien BACH – La Courante et la Sarabande de la Suite pour violoncelle n°1 en sol majeur, BWV 1007. Jean-Guihen Queyras . HM 901970 .
Jean-Sébastien BACH – Le Prélude et l’Allemande de la Suite pour violoncelle n°6 en ré majeur BWV 1012 . Jean-Guihen Queyras . HM 901970 .
Jean-Sébastien BACH – Le Prélude de la Suite pour violoncelle n°5 en do mineur BWV 1011 . Jean-Guihen Queyras . HM 901970 .
Production et présentation : Axelle THIRY
Réalisation : Valentine GOURDANGE