En 2006, Jean-Guihen Queyras s’était risqué ici. Premiers pas discographiques magiques, et justement salués. Depuis, les Suites sont devenues son pain quotidien, et les siennes le mien.

l’entendre les redire aujourd’hui augmente les bonheurs, l’archet plus libre, le souci moindre de l’important, la fluidité des déliés, la nostalgie plutôt que le grave, une légèreté qui se sera apprise des danseurs et des danseuses d’Anna Teresa De Keersmaeker, ce violoncelle danse, et ose un ton français qui éloigne à jamais toute roideur, défait toute rhétorique.

Il dit aussi, dans une plénitude harmonique qui phrase partout, et insiste sur ces notes qui sont des mots, sans la raucité de Casals, mais avec le même pouvoir. Car la danse, si elle a infusé dans le vocabulaire de la grande caisse – regardez le Blu-Ray – s’est aussi nourri de son discours, le jeu est à parité égale, et même plus sensible lorsque, revenu dans la solitude du studio, le rêve de ce ballet, insinué dans l’archet, reparaît.

Expérience troublante, et puis j’oublie d’où vient ce nouvel horizon, je l’entends simplement dans le silence dont il s’entoure, où l’œil n’a plus rien à voir, où seul l’imaginaire s’infuse.

 

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