Enregistré en septembre 2023 à la Friedrich-Halle de Hambourg par Florent Ollivier.

Le violoncelle, au premier plan, s’impose dans un riche tissu orchestral. La profondeur des graves et l’intensité des fortissimos, accentués par la réverbération du lieu, donnent du relief à des textures denses.

En 2018, la même équipe proposait des Concertos Wq 170 et 172 une lecture enivrante (Diapason d’or, cf. no670). Le Wq 171 que voici suit les mêmes principes, les seuls à pouvoir rendre justice à la musique du turbulent cadet des fils Bach : prise de risques assumés, sensibilité à fleur de peau. Des trois pour violoncelle, ce concerto n’est pas, mis à part dans son finale tout en effervescence, celui où les contrastes sont les plus tranchés. Jean-Guihen Queyras séduit autant dans les méandres du paisible Allegretto liminaire, que dans le lyrisme parfois tourmenté de l’Adagio. Il y joue à merveille la carte du frémissement, du murmure, quand l’ensemble Resonanz a le trait ferme, presque abrupt, dans ses ponctuations, anticipant les tourbillons de l’Allegro assai conclusif. Sur instruments modernes, on se situe au même niveau d’engagement que celui employé par Ophélie Gaillard sur boyau (Aparté, 2013 et 2016, Diapason d’or), et un cran au-dessus de la rencontre, historique, entre Anner Bylsma et Gustav Leonardt (Virgin, 1989, Diapason d’or) en matière d’énergie et de complicité. le même Bylsma nous a légué une lecture très vivante (DHM, 1990) de l’Opus 4 d’Antonin Kraft (1749-1820), virtuose du violoncelle pour lequel Haydn composa son Concerto Hob VII/b2. Queyras et Resonanz exaltent la dimension théâtrale de l’Allegro aperto, lever de rideau éclatant à la verve quasi mozartienne. le soliste dompte les difficultés de son exigeante partie avec un naturel désarmant. La romance est d’une tendresse lumineuse, sans une once d’afféterie, tandis que le Rondo alla cosacca, bien que marqué moderato, caracole avec un rebond et une élégance irresistible.