Déclinées en trois concerts, les six Suites pour violoncelle interprétées par le génial, chaleureux et sensible Jean-Guihen Queyras, et des pièces en trio jouées par un quatuor de circonstance offraient une extraordinaire immersion dans l’œuvre du cantor de Leipzig, dimanche à l’auditorium du Conservatoire.

Parlant d’une « aventure épique », le spécialiste français du genre joue les Suites dans l’ordre des numéros, en les faisant précéder de miniatures du compositeur hongrois contemporain György Kurtág, qui offrent, dans un dialogue des époques, une mise en perspective à l’œuvre de Bach. Les trois premières jouées le matin dévoilent la féconde imagination de leur interprète, pour lequel le caractère dansé des pièces s’associe à une incroyable forme de liberté, voire d’improvisation dans les Allemandes. Dans les parties répétées, diminutions et ornements amendent ainsi un discours toujours parfaitement délié et renouvellent sans cesse les paysages sonores exposés. La deuxième Suite en ré mineur apparaît en exergue dans ce triptyque par son extrême créativité et confère au mot « interprétation » toutes ses dimensions, comme l’indique le thème du premier menuet joué pizzicato. Dans les trois dernières Suites données l’après-midi, Bach est entré en lui-même pour repousser l’inspiration au-delà des frontières communément admises. Osons une analogie avec les derniers quatuors de Beethoven. La partition se suffit à elle-même et sa virtuosité restreint l’espace de réalisation baroque. Queyras n’en poursuit pas moins son formidable et généreux travail de recréation, sur le plan dynamique – du fortissimo retentissant, âpre et boisé, au diminuendo jusqu’à l’inaudible, dans la cinquième – aussi bien que dans l’usage d’un rubato intelligemment dosé.

Lumineuses pièces en trio Joli trait d’union entre les deux étapes de ce voyage extraordinaire, le concert du début d’après-midi proposait un panorama affable du cantor de Leipzig et de sa progéniture (Carl Philip Emmanuel ici) dans plusieurs pièces en trio. Un lumineux dessus composé de la flûtiste Anne Clayette et du vibrionnant violoniste Si Li y est soutenu par une dense basse continue, avec Tokiko Hosoya au clavecin et Olivier Roth au violoncelle. Raccord avec le soleil printanier de la journée – qui n’a pas dissuadé le public, nombreux -, le programme se clôt avec la sonate extraite de l’Offrande musicale, rejoignant au Panthéon musical les plus grandes œuvres de l’éternel cantor !

 

Déclinées en trois concerts, les six Suites pour violoncelle interprétées par le génial, chaleureux et sensible Jean-Guihen Queyras, et des pièces en trio jouées par un quatuor de circonstance offraient une extraordinaire immersion dans l’œuvre du