Fondé en 1981, Montpellier Danse compte parmi les plus importants festivals de danse contemporaine en Europe. Les prestations proposées allient subtilement performances physiques et sonores. Ainsi, avec “Mitten wir im Leben sind” la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaecker confronte cinq danseurs à six suites pour violoncelle de Bach interprétées par Jean-Guihen Queyras.
Anne Teresa De Keersmaeker & Jean-Guihen Queyras dans la pièce ” Mitten wir im Leben sind” (Anne Van Aerschot)
Dans la pièce “Mitten wir im Leben sind”, présentée ce mercredi, Anne Teresa de Keersmaecker, figure de la danse contemporaine, approfondit sa quête d’une écriture chorégraphique capable de saisir l’essence même du langage du compositeur avec lequel elle entretient une intimité particulière.
Décor dépouillé et ode à la vie
Trois danseurs et deux danseuses évoluent autour du violoncelliste dans un décor dépouillé et sombre, sculpté par les rares apparitions de la lumière. Au sol sont tracés des cercles semblant émaner d’un compas, puis d’autres formes géométriques étranges composées au fur et à mesure par les danseurs. Dans leurs solos, leurs duos, où lorsqu’ils sont tous réunis, les danseurs répondent à cette géométrie au sol en dessinant dans l’espace par leurs gestes et leurs mouvements d’autres constructions inspirées des mathématiques.
Pour que les danseurs puissent poser un pas sur chaque note, Jean-Guihen Qeyras, un passionné de musique de chambre qui a été longtemps soliste de l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez, a transcrit la ligne de basse des six suites de Bach. Très applaudi, le violoncelliste a souligné avec virtuosité la vitalité rythmique et la fluidité des lignes mélodiques de l’oeuvre et le caractère individuel de chacune des suites.
Alors que le titre de la pièce reprend un hymne protestant signifiant “Au coeur de la vie”, suivi dans ce chant de la phrase “la mort nous entoure !”, la chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaecker, au diapason de Bach, est également une célébration de la vie.
Anne Teresa de Keersmaecker, chorégraphe renommée, encline à l’innovation
Née en 1960 à Malines, en Flandres, la chorégraphe a exploré depuis les années 1980 les relations entre danse et musique en se confrontant à des partitions de toutes les époques. Sa pratique chorégraphique innovante est notamment basée sur les principes de géométrie et les modèles mathématiques.
Elle a marqué les esprits avec sa première composition chorégraphique intitulée “Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich” puis en 1983 avec l’oeuvre fondatrice de sa compagnie de danse Rosas danst Rosas dans laquelle les danseuses fusionnent gestes quotidiens et mouvement formel abstrait.
En 1992, la compagnie Rosas est choisie comme compagnie résidente au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles. Trois ans plus tard, Anne Teresa de Keersmaeker y fonde une école de danse contemporaine, P.A.R.T.S, qui s’est imposée comme le principal centre européen de formation de chorégraphes et de danseurs.