Des intégrales de Samson François et de William Kempf, des sonates et trios de Beethoven, des oeuvres pour vents de Mozart, Charles Ives conduit par Tilson Thomas, la musique sacrée magnifiée par Harnoncourt, tout Ravel… huit trésors à offrir pour Noël.

Michael Tilson Thomas conducts Ives

Amérique insolite

Charles Ives (1874-1954) étonne par la singularité de sa musique, mélange de romantisme et de modernité tumultueuse où se superposent des mélodies empruntées à la mémoire collective et des rythmes complexes. Sa « Symphonie n° 4 » emporte dans un réjouissant déluge sonore alors que « The Unanswered Question » fascine par son climat énigmatique. Michael Tilson Thomas est le meilleur guide pour ce fascinant voyage vers une Amérique insolite.

Sony Classical (4 CD)

Wilhelm Kempff Edition

L’allemand lumineux

Allemand, Wilhelm Kempff (1895-1991) l’était par le répertoire qu’il défendait le plus souvent, de Bach à Brahms en passant par Beethoven, Schubert et Schumann. Mais il ne figeait pas son clavier dans un sérieux, un poids à laquelle cédaient certains de ses compatriotes. Son piano était au contraire lumière, couleur, souplesse. Les doigts sur les touches et la tête dans les étoiles, Wilhelm Kempff reste un des très grands poètes du piano du XXe siècle.

Deutsche Grammophon (80 CD)

Samson François Complete Recordings

le chic souverain

Disparu à 46 ans, usé par une vie de bohème, Samson François (1924-1970) était l’archétype de l’artiste romantique : imprévisible, tourmenté, l’esprit vagabond, mais la mise impeccable. Sa fausse désinvolture le porte naturellement vers des formes courtes que Chopin, Debussy et Ravel ont marquées de leur empreinte. Samson François s’y glisse avec une dextérité gourmande et un chic souverain. Aux enregistrements de studio, cet ensemble ajoute deux récitals et un DVD documentaire réalisé par son fils. Le piano en liberté.

Erato (54 CD + 1 DVD)

Beethoven, The Complete Sonatas for violin/violoncello & piano

Elévation d’âme

Isabelle Faust et Jean-Guihen Queyras se réunissent autour du piano d’Alexander Melnikov dans les dix sonates pour violon et les cinq pour violoncelle. Ardent, mais aussi malicieux et contemplatif, leur Beethoven à hauteur d’homme ne manque pourtant pas d’élévation d’âme. Et la prise de son, exemplaire de naturel, facilite les échanges.

Harmonia Mundi (6 CD)

Beethoven, Trio Sōra

Six trios au sommet

Le Trio Sōra n’a manifestement pas froid aux yeux et a choisi, pour ses débuts au disque, d’aborder un des sommets du répertoire. Sommet certes, par l’inépuisable inspiration dont fait montre Beethoven mais aussi diversité des reliefs que composent ces six trios avec piano. Aux grands écarts et au soleil radieux des premiers numéros succèdent le gouffre psychologique et la lumière rase des derniers. Les trois jeunes femmes, Clémence de Forceville, violon, Angèle Legasa, violoncelle, et Pauline Chenais, piano, trouvent toujours la bonne allure pour atteindre, avec une grâce souveraine, les cimes. Un bel exploit pour des débutantes.

Naïve (3 CD, 25 € environ)

Zefiro, The Mozart Collection

Bons vents d’hiver

De la rue où elle ordonnait le pas des militaires la musique pour vents a pris du galon en s’invitant à la table ou dans les jardins des aristocrates. Aussi est-ce pour des ensembles de hautbois, clarinettes, bassons et cors que Mozart composa quelques chefs-d’oeuvre à redécouvrir. Si les mouvements rapides sourient, les épisodes lents distillent mélancolie et de tendresse. L’ensemble Zefiro, qui joue sur instruments anciens, fait souffler sur ces pages un air frais, délicat et parfumé.

Arcana (6 CD, 30 € environ)

Nikolaus Harnoncourt conducts Sacred Masterworks

L’art des contrastes

L’« Oratorio de Noël » et des cantates de Bach, « La Création » de Haydn, les « Requiem » de Mozart et de Brahms, La « Missa Solemnis » de Beethoven : autant des chefs-d’oeuvre défendus par un chef qui fut toujours attentif au sens des mots, à l’intonation des phrases, à l’articulation du discours musical qu’il savait langage de sons, donc soumis en permanence à des contrastes pour se faire entendre et comprendre. On peut être moins convaincu par son « Messie » de Haendel et son « Requiem » de Verdi mais le « Stabat Mater » de Dvorák est une splendeur.

Sony Classical (16 CD, 35 € environ)

Maurice Ravel The Complete Works

Plongée profonde

Le titre ne ment pas. Il y a bien sûr toutes les oeuvres originales, dans des versions dans l’ensemble très recommandables où se croisent les générations : Chamayou, Tharaud, François, Queffélec au piano, Martinon, Cluytens, Munch, Nagano, Franck à l’orchestre. Mais il y a aussi des transcriptions et orchestrations d’oeuvres d’autres compositeurs (Debussy, Schumann, Moussorgski). Et aussi les pages de jeunesse comme les cantates pour le Prix de Rome et des enregistrements anciens, réalisés sous la direction ou la supervision de Ravel, dans les années 1920 et 1930. Une plongée dans l’histoire phonographique et musicale du XXe siècle.

Warner Classics (21 CD, 40 € environ)

 

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