Berg – Schoenberg

Suite lyrique, La Nuit transfigurée

Jean-Guihen Queyras - Ensemble Resonanz
2014
/
Harmonia Mundi

Pierre angulaire de toutes les ruptures artistiques, la Première Guerre mondiale sépare la Suite lyrique de Berg (1925) de La Nuit transfigurée de Schoenberg (1899). De part et d’autre de ce traumatisme, chacun des deux ouvrages renvoie à des amours adultères. À l’origine de La Nuit transfigurée, le poème de Richard Dehmel évoque une naissance illégitime et son pardon, tandis que le dialogue amoureux entre Alban Berg et Hanna Fuchs et son épilogue douloureux sous-tendent la composition de la Suite Lyrique.

« Il faudrait que ce soient des lieder sans paroles où seul pourrait lire celui qui sait – toi seule. Peut-être cela sera-t-il un quatuor à cordes. Dans le cadre de ces quatre mouvements, je pourrais faire passer tout ce par quoi je suis passé depuis que j’ai franchi le seuil de votre maison. » C’est ainsi qu’Alban Berg s’exprimait au sujet de sa Suite lyrique dans une lettre à Hanna Fuchs dont il est alors amoureux. Alban Berg est marié, Hanna Fuchs aussi. Une vingtaine de lettres gardent la trace brûlante de cette liaison sans issue. Elle viennent d’être traduites par Sylvain Fort chez Actes Sud.

Conscients de la valeur de ce témoignage, Jean-Guihen Queyras et les musiciens de l’Ensemble Resonanz ont eu à cœur de restituer toutes les allusions et les symboles dont Berg a émaillé son œuvre, au point d’en proposer une écoute entièrement nouvelle, aussi belle que poignante.

La Nuit transfigurée de Schönberg, qui suit la Suite Lyrique, relate l’histoire d’un amour contrarié, mais dont la malédiction initiale s’achève dans la lumière d’une douleur stellaire.

The First World War, that crucible of every kind of artistic change, intervened between Berg’s Lyric Suite (1925) and Schoenberg’s Verklärte Nacht (1899). On either side of that traumatic divide, each of the works refers to adulterous love. The poem by Richard Dehmel that inspired Transfigured Night evokes the conception of an illegitimate child and its pardon. The amorous dialogue between Alban Berg and Hanna Fuchs and its painful epilogue form the subtext to the composition of the Lyric Suite.

 

« Ce disque est absolument magnifique. On y entend pour la première fois la Suite lyrique entièrement instrumentée pour orchestre cordes. J’ai écouté cette oeuvre, éberlué par la flamboyance et la suavité des solistes de l’ensemble Resonanz et de Jean-Guihen Queyras qui dirige de son violoncelle. La Nuit transfigurée est également un moment splendide. Comme si je n’avais jamais entendu cette oeuvre qui est un des piliers de toute la musique du XXe siècle ! »

Pascal Dusapin in DIAPASON