Dans un studio de danse bien éclairé, un violoncelliste joue une des six suites de Bach, assis sur un tabouret. Un danseur ondule en face de lui, en prenant soin de suivre la trajectoire indiquée par des bandes de couleur, qui forment des arcs de cercle sur le sol. Le temps est comme suspendu. Filmé pendant les dernières semaines de répétition de la pièce Mitten wir im Leben sind (2017), Mitten donne à voir le processus de création de la pointure flamande de la danse contemporaine Anne Teresa De Keersmaeker, connue pour sa danse libre, millimétrée et intimement liée à la musique.
Cette artiste, à la tête de la compagnie Rosas et de l’école de danse mondialement réputée P.A.R.T.S. à Bruxelles, dévoile ici plusieurs étapes de l’élaboration de cette pièce, du déchiffrage de la partition avec le musicien Jean-Guihen Queyras, aux défis d’interprétation des membres de sa compagnie, qui répètent inlassablement. Exit la physicalité virtuose souvent de mise dans les films de danse, c’est la minutie et la précision d’une chorégraphe couturière, entrelaçant les gestes dans la partition musicale de Bach qui prend la lumière. D’une lenteur contemplative parfois soporifique, Mitten nous plonge dans le temps du travail, plutôt que dans celui du spectacle.