Il est, cette année, l’artiste en résidence du Philharmonique de Strasbourg : le violoncelliste Jean-Guihen Queyras s’y produit ce mercredi et ce jeudi dans un programme de musique russe symphonique. Avant de basculer, dimanche, dans une tonalité plus chambriste.

il vient à Starsbourg en voisin, depuis Fribourg-en-Brisgau, où il enseigne à la Musikhochschule, là même où il avait étudié le violoncelle de 17 à 20 ans. « Cela fait une étrange impression de retourner sur les lieux où on s’est formé pour y enseigner à son tour », dit-il.

Une formation dans la cité badoise qui lui fut plutôt bénéfique, puisque trois ans plus tard, le jeune Jean-Guihen Queyras entrait dans l’ensemble Intercontemporain de Pierre Boulez. « il était un monument de la musique en France, comme chef, comme compositeur…une véritable école de l’exigence et de l’excellence. Avec lui, il fallait toujours être au top », poursuit le violoncelliste qui reconnaît avoir bénéficié de son soutien.  » Il m’a lancé. C’est grâce à lui que j’ai pu enregistrer en 1992 mon premier disque consacré au concerto pour violoncelle de Ligeti que Boulez a dirigé chez Deutsche Grammophon. Cela m’a permis de commencer ma carrière. »

La leçon de Mstislav Rostropovitch

Désormais, la discographie de Jean-Guihen Queyras est longue comme le bras – et s’enrichit en janvier d’un nouvel album, consacré aux bis, où il retrouve son vieux complice, le pianiste Alexandre Tharaud. Elle embrasse une multitude de répertoires, du baroque au contemporain en passant par les romantiques ou les modernes, sans oublier les grands classiques comme Mozart ou Haydn.

Une capacité à se fondre dans les registres les plus différents dont témoigne également son programme russe concocté avec le Philharmonique de Strasbourg dont il es, cette saison, l’artiste en résidence. Donné ce mercredi et ce jeudi, il convoque la symphonie concertante écrite en 1952 par Prokofiev pour un génie du violoncelle : Mstislav Rostropovitch.

J’ai eu la chance, quand j’étais jeune musicien, à 18 ans, de l’avoir pour une master classe. Ce fut un grand moment. J’avais justement choisi le deuxième mouvement de cette symphonie concertante de Prokofiev sachant combien cette oeuvre prenait une résonance  particulière pour Rostropovitch. Il m’a écouté puis félicité pour ma technique mais aussi expliqué que si je voulais progresser, il fallait que j’apprenne à mieux écouter les autres membres de l’orchestre. il s’est mis au piano et m’a demandé de reprendre ma partition. Il m’accompagnait en criant selon les passages : Hautbois ! Violons ! Trompettes ! « .

La leçon a été depuis retenue par Jean-Guihen qui voit la musique « comme une oeuvre collective ». Au point d’évoquer sa prestation avec l’orchestre strasbourgeois comme un exercice très équivalent au concert de musique de chambre annoncé dimanche, à l’auditorium de la Cité de la musique et de la danse. Des violonistes (dont la super-soliste Charlotte Julliard), des violoncellistes et des altistes, tous issus d Philharmonique de Strasbourg, se produiront avec lui dans des oeuvres de Schönberg et Mendelssohn.  » il s’agit toujours d’être dans l’attention du détail « , résume le concertiste.

Un chef russe pour un répertoire russe

Intitulé Ivresses sonores , le programme des deux concerts du Philarmonique comprend, outre la symphonie concertante de Prokofiev, la symphonie N°2 en mi mineur de Rachmaninov. A la baguette, le très remarqué chef russes Stanislav Kochanovsky –  » Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer sous sa direction, mais je suis content de le faire dans ce répertoire russe « .

De cette résidence au sein du Philharmonique de Strasbourg, il en parle comme d’un « petite chez-soi », salue l’empathie qui rayonne de son chef, Marko Letonja, et souligne la qualité de l’orchestre.

Et si parfois l’herbe semble plus verte de l’autre côté du Rhin, Jean-Guihen Queyras module le propos : « C’est vrai qu’outre-Rhin,l musique occupe une place très particulière. mais l’Allemagne n’échappe pas non plus aux rigueurs budgétaires qui frappent notamment la culture. je peux même le constater à la Musikhochschule de Fribourg qui est pourtant un établissement bien loti’.

 

 

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