Lundi soir à la Salle Bourgie, les mélomanes auront l’occasion d’entendre le Trio MelnikovFaustQueyras formé d’Alexander Melnikov au piano, d’Isabelle Faust au violon et de Jean-Guihen Queyras au violoncelle dans un programme juxtaposant Schumann et Brahms à Elliot Carter.

Jean-Guihen Queyras a accepté de nous parler de Toronto vendredi dernier, premier arrêt d’une tournée qui les mènera dans six villes nord-américaines.

Soliste vs. chambriste

Puisque les trois membres du trio mènent des carrières florissantes à la fois comme soliste et comme chambriste, nous étions curieux de demander à Jean-Guihen Queyras comment les deux se distinguent : « Dans le fond, ce n’est pas si différent. J’adore communiquer avec, et m’intégrer aux autres musiciens. Idéalement, jouer en soliste avec un orchestre, c’est de la musique de chambre agrandie. La plus grande différence est dans l’aspect social : en tant que soliste, on est le personnage principal, notre rôle est d’encourager et d’inspirer, alors qu’en musique de chambre, on cherche comment créer un objet en faisant parts égales. »

Schumann, Brahms et Carter

Le trio, dont les membres se connaissent depuis environ 20 ans, cultive de longue date une relation étroite avec la musique de Robert Schumann, « touchante parce que tellement fragile ». Il y a bien leur plus récent album, paru en novembre dernier, sur lequel les trois complices accueillent la violoniste Anna-Katharina Schreiber et l’altiste Antoine Tamestit pour interpréter le Quatuor avec piano et le Quintette avec piano du compositeur.  Mais avant cela, il y a eu l’enregistrement des trois concertos pour leurs instruments respectifs, sur instruments d’époque et accompagnés par le Freiburger Barockorchester, combinés aux trois trios pour piano, le tout maintenant réuni en un coffret disponible chez harmonia mundi.

C’est dire qu’avec le Trio pour piano no 2, c’est une interprétation bien rodée qu’ils offriront au public. L’association Schumann – Brahms se fait tout naturellement, et le Trio pour piano no 1 de celui-ci se trouve également au programme. Entre les deux par contre, une inclusion plus surprenante, celle des Epigrams d’Elliot Carter.  Composée en 2012, alors que Carter a 103 ans, c’est la dernière oeuvre du compositeur américain, décédé en novembre de cette année-là. Queyras promet une oeuvre accessible, d’une écriture poétique qu’il compare à un mobile du sculpteur Alexander Calder, allant jusqu’à assigner un côté « géométrique » à la façon d’utiliser les instruments.

Montréal

Quand Queyras dit qu’il se sent à Montréal comme chez lui, c’est plus qu’une façon de parler, puisqu’il est né ici et a grandi en partie proche de Sherbrooke. Cela éveille donc en lui des émotions fortes à chaque fois qu’il pose les pieds dans cette ville qu’il considère exceptionnelle. « Montréal réunit le meilleur de tous les mondes : de l’Amérique du Nord, elle offre les espaces et la liberté, alors que la présence de notre belle langue contribue à lui donner son caractère unique. »

Et bien sûr, il adore jouer à la Salle Bourgie, où il pourra lundi soir retrouver « la générosité de coeur » du public montréalais.

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